X

Une ville est la proie d’envahisseurs inhumains ; un ustensile ménager indique au juge la piste d’un groupe de disparus.

 

 

Quand Ti ouvrit les yeux, la lumière de l’aube transparaissait à travers les carreaux de papier huilé. Il vit, penchée sur lui, une face rougeaude et mal rasée, au front bas, dotée de petits yeux bêtes, de lèvres minces d’où s’exhalait une haleine fétide.

— Apporte-moi mon riz du matin, Hong, dit le juge en détournant la tête.

Un vague souvenir lui revint. Il avait laissé le sergent Hong à Pou-yang. Un deuxième coup d’œil au visage fripé s’imposait.

Ti se redressa d’un bond avec un cri, faisant fuir le macaque qui s’était confortablement installé sur sa poitrine pour suivre ses ronflements. L’animal courut se réfugier en haut d’un meuble, d’où il fixa sur l’excité un regard de douairière outragée.

Le juge observa le petit intrus le temps nécessaire pour se convaincre qu’il ne rêvait pas. Plus inquiétant, ce n’était pas le même singe que l’avant-veille. Son pavillon était-il devenu le rendez-vous à la mode chez ces créatures sylvestres ? Allait-il devoir proposer un buffet de fruits secs et des rafraîchissements ? Il avisa le plateau de son petit-déjeuner posé sur une table basse et constata que cette préoccupation était inutile : son invité surprise s’était déjà servi dans les beignets de riz glutineux spécialement préparés pour le palais délicat d’un fin gourmet, renversant les bols, pillant les coupelles et laissant le tout dans l’état du Hebei après une virée des Huns.

Ti s’étonna de ne voir personne s’enquérir de ses besoins. Il dut procéder seul à ses ablutions, s’habiller lui-même et chasser comme il put l’insolent qui avait pris sa chambre pour une auberge.

Ce fut lorsqu’il quitta le pavillon à la recherche d’un remplacement pour son repas perdu qu’il découvrit l’étendue du problème.

Alors qu’il descendait les escaliers, des cris lui parvinrent de la cour fermée à clé. Ces ridicules petites restrictions humaines telles que verrous, portes et interdictions d’entrer ne s’appliquaient pas aux êtres capables de bondir sur les murs. Le portail était cette fois grand ouvert. Vigoureusement secondé par ses domestiques, le gouverneur tentait d’éloigner une poignée de macaques assez audacieux pour se servir des précieuses branches du théier comme de balançoires. Les gestes, cris et menaces déployés pour les chasser les incitaient au contraire à rester à l’abri dans l’arbre, que nul serviteur n’osait effleurer. Les animaux y profitaient d’une sorte de ballet folklorique du Jiangnandong qui semblait les réjouir beaucoup. Les protecteurs du théier agitaient les bras, les singes répondaient en retroussant les babines, tout le monde hurlait. Ti se crut à l’Opéra de Pou-yang.

Il eut une idée pour venir à bout des importuns. Sur ses recommandations, on attacha à la ceinture des valets des ribambelles de fruits et de galettes et on les fit déambuler autour de l’arbre. L’appétit aiguisé par le spectacle, les singes ne tardèrent pas à se montrer intéressés par le casse-croûte de l’entracte. Quand les appâts vivants s’enfuirent à toutes jambes, ils entraînèrent derrière eux la troupe des petits affamés. Ti recommanda de jeter un filet sur l’arbre pour les empêcher de revenir. Le gouverneur en envoya quérir un chez les pêcheurs du lac.

— Pas un filet qui vient de servir ! ordonna-t-il. Mon thé va prendre une odeur de carpe !

Ces émotions l’avaient épuisé.

— C’est une catastrophe abominable ! se lamenta-t-il.

— Tout au plus un désagrément, tempéra Ti. Ils vont vous piller pendant quelques heures ou quelques jours, puis ils retourneront dans leurs chères montagnes.

— Vous ne comprenez pas, seigneur commissaire ! C’est l’époque de la cueillette ! Comment allons-nous faire ? Je dois en conférer avec les planteurs !

Le sourcil droit du magistrat se haussa au-dessus de son œil noir.

— Conférer au sujet des singes ?

— Je vais plutôt faire une offrande au temple de la cité ! déclara K’iu Sinfu, l’air égaré.

Il se dirigea vers la porte ouverte.

— Une offrande pour des singes ? répéta le mandarin.

Le gouverneur s’immobilisa et se tourna vers lui.

— Croyez-vous que nos étudiants en rhétorique confucéenne sauraient les raisonner pour qu’ils retournent sur leur territoire ?

— Vu votre état d’esprit, je suis sûr que vous saurez très bien les raisonner vous-même, répondit Ti, qui se donnait pour règle de ne jamais contrarier les déments en crise.

K’iu Sinfu quitta la cour du théier sacré, des projets de contre-attaque plein la tête.

« Il a totalement perdu l’esprit », se dit le juge. Une fois encore, les événements lui confirmaient que les hommes les plus favorisés n’étaient pas à l’abri d’un tragique revirement du sort.

Puisque les cuisiniers de Son Excellence étaient occupés à soutenir les lubies de leur maître, Ti s’en fut quérir sa pitance chez des travailleurs trop occupés pour s’offrir le luxe d’une maladie mentale. La température était douce, il s’assit devant un commerce de bouche situé sous les arcades en bois de l’avenue. Quand il se retourna pour héler un employé, il vit sortir à toutes pattes deux gros singes qui tiraient derrière eux d’interminables rubans de nouilles, la bouche pleine de tofu, poursuivis par un marmiton armé d’un torchon sale. À mieux observer les alentours, Ti vit que c’était partout une confrontation houleuse entre les individus à deux mains et ceux qui en avaient quatre. Si les premiers avaient la ressource de brandir un balai, les seconds exhibaient volontiers une paire de canines fort utiles pour punir ces humains peu partageurs.

Alors qu’il savourait enfin un petit-déjeuner de yun-pïen-kao[7] rudement conquis, Ti vit passer le gouverneur, en tenue d’apparat, suivi de prêtres aux mines épouvantées. Le cortège s’arrêta devant un rassemblement de macaques à la face écarlate comme des diables et au poil roussi. On leur présenta différentes amulettes en matière précieuse tout en les implorant d’épargner la misérable ville de Xifu. C’était à ne pas croire. K’iu Sinfu n’était pas le seul atteint par cette manie, l’anxiété irraisonnée était un mal contagieux. Ti repoussa d’un geste ferme la boisson proposée par l’établissement : l’abus de thé rendait fou, c’était évident.

Il termina sa collation alors que sa Troisième remontait l’avenue, entourée de femmes munies de paniers. Il la héla et l’invita à s’asseoir pour déguster un reste de pain trop cuit et de pâtes qui ne l’étaient pas assez, la faute aux inquiétudes du cuistot, plus soucieux d’un retour des petits voleurs que de ses marmites.

Si dame Tsao s’inquiétait, elle aussi, ce n’était pas au sujet de ceux qui étaient arrivés, mais de ceux qui étaient partis. Aux premières lueurs du jour, elle s’était rendue au vieux temple hors les murs, afin de répandre ses largesses sur les démunis sous forme de galettes de blé. Elle en rentrait ahurie et révoltée. Comme elle était suivie de servantes chargées, son mari supposa qu’elle n’avait pas trouvé leurs bons amis.

— C’est le temple, que je n’ai pas trouvé ! s’exclama-t-elle si fort qu’elle fit sursauter deux marchands de fruits et légumes et même le macaque en train de piller leur éventaire.

Il n’y avait plus rien là où s’était élevée la bâtisse branlante qui leur avait servi d’abri pour la nuit. Ti émit l’hypothèse qu’elle s’était trompée d’endroit. Sa Troisième rétorqua qu’il y avait peu de chance : le sol était jonché de débris. Ses femmes avaient passé un bon moment à soulever des planches pour s’assurer que les pauvres gens ne gisaient pas dessous.

— Et ?

— Il n’y avait personne.

— Vous voyez : ce n’est pas si grave ! Cette bâtisse pourrie se sera effondrée alors qu’elle était vide. Il y a un dieu pour les fous, l’opulence de cette ville en est une preuve indiscutable.

La protection divine n’avait rien à faire là-dedans. Le temple ne s’était pas écroulé tout seul, les montants portaient des marques de hache. Dame Tsao était scandalisée.

— Les riches d’ici se sont lassés d’entretenir une troupe de pouilleux. Mais je vois que l’Empereur du Ciel s’est hâté de la remplacer par une autre bien pire. Bien fait pour eux ! On ne plaint pas le voleur de carpe quand il s’étouffe avec une arête !

Elle le pria humblement de faire rechercher les malheureux, qui devaient errer quelque part dans les faubourgs, terrorisés et désorientés.

Ti estima que la dose d’excentricité permise à un gouverneur provincial était dépassée pour la journée. Il savait où aller pour le trouver. Il se fit indiquer dans quel sanctuaire avait été élevé un autel en l’honneur du roi-singe. De fait, K’iu Sinfu était prosterné devant une gigantesque statue mi-singe mi-homme à l’expression mutine. Il suppliait la divinité à tête de macaque d’accepter ses offrandes et de ramener son peuple à la raison. Il avait traîné là son secrétaire An Ji et le directeur Ban. Les exhortations confucéennes ayant échoué, on était passé aux pourboires, prébendes et autres petits cadeaux.

Puisque Son Excellence était occupée à plaider sa cause auprès des autorités suprêmes, Ti profita de la présence du vieux lettré pour recueillir sa version du décès de M. Wang. Ban Jun marmonnait dans sa barbiche grise, debout face à l’effigie grandeur nature d’une déesse à forte poitrine. Ti eut la nette impression qu’il faisait la leçon aux divinités représentées autour de lui et que ses élèves étaient autant là pour le surveiller que pour l’aider à se déplacer. « Fort bien, je suis au pays de la démence sénile », se dit-il. Il maintint néanmoins sa décision de l’interroger, par acquit de conscience et parce qu’il n’y avait pas pléthore d’autres témoins à qui s’adresser.

À sa grande surprise, Ban Jun affirma d’emblée avoir gardé un souvenir très vivace de cette soirée.

— Vous vous rappelez où chacun était assis ? demanda Ti avec espoir.

— Bien sûr ! J’avais un planteur vulgaire à ma droite, un planteur vulgaire à ma gauche et un troisième en face de moi ! Après ça, ne me demandez pas leurs noms. Pour moi, ce sont tous des abrutis incultes, je réserve ma mémoire aux divins propos de Maître Kong.

Quant à savoir quelle portion du paysage s’offrait à son admiration par le panneau ouvert, c’était hors de question : sa vue basse lui permettait tout juste de continuer à lire les divins écrits de Maître Kong.

Si les souvenirs détaillés du vieux lettré offraient un avantage à l’équipe des études classiques contre celle des cultivateurs, l’enquête sur les empoisonnements de poètes ne marquait pas beaucoup de points. Ti remercia le vieil homme, émit le vœu d’être dans son état au même âge, et souhaita en lui-même qu’une maladie foudroyante et indolore l’emporte avant.

Le gouverneur venait d’offrir à Sa Majesté des singes de jolies soieries qui, sans nul doute, feraient le bonheur des prêtres en charge de cet endroit. Dès qu’il put obtenir son attention, Ti le pria de lui expliquer ce que signifiait cette histoire de sanctuaire détruit. K’iu Sinfu se tourna vers son secrétaire.

— Qu’en est-il ?

An Ji s’inclina vers Ti.

— L’honorable commissaire du thé a eu la bonté de s’inquiéter du sort de ces vagabonds, contraints de s’abriter dans un local en mauvais état. Nous avons démoli ce bâtiment dangereux afin que ce scandale cesse. Les mendiants devront désormais s’abriter dans un lieu décent.

Pareille outrecuidance porta immédiatement les joues du magistrat à la température adéquate pour l’infusion du thé.

— S’abriter où ça ? Vous comptez peut-être les héberger dans l’un des pavillons du palais ? Qui sait où ces malheureux ont couru se réfugier ! Oubliez-vous que les fous sont les protégés du Ciel ?

La colère du commissaire embarrassa d’autant plus le gouverneur qu’elle lui était totalement incompréhensible. Il était difficile de vivre pour le luxe, le raffinement, la beauté, et de se pencher sur les vicissitudes de gens démunis, grossiers et laids.

Ti lui rappela que l’idéal confucéen et les directives ministérielles enjoignaient aux mandarins d’apporter attention, protection et compréhension à leurs administrés les plus faibles.

— Ah, oui, l’idéal confucéen ! dit le gouverneur K’iu. On m’en parle beaucoup, ces temps-ci. J’en discutais justement tout à l’heure avec notre bon directeur des études classiques. À votre avis, Maître Kong a-t-il cédé à l’orgueil en désirant être ministre de la Justice, ou souhaitait-il se sacrifier pour aider le peuple ?

Ti fut tenté de répondre que l’ambition de Maître Kong n’était sûrement pas de s’empiffrer sous des plafonds laqués. Comme cette attitude aurait contrevenu à l’enseignement du susnommé, aux directives ministérielles et aux développements de son enquête, il tourna les talons avant qu’un mot déplacé ne franchisse ses lèvres.

Un nouveau sujet d’interrogation venait de s’ajouter à ceux qu’il avait engrangés depuis le début de son séjour : où et pourquoi les mendiants avaient-ils disparu ? Ce n’était certes pas une énigme digne des Entretiens, mais il prévoyait que sa Troisième ne le lâcherait pas sur ce point. Autant dire qu’il allait devoir enquêter sur la cinquième roue de la charrette.

Alors qu’il s’était arrêté sur le chemin du retour pour acheter quelques pâtés de soja, au cas où les cuisines du palais seraient toujours indisponibles, il s’aperçut que les gâteaux disparaissaient de son sac au rythme où il les y déposait. Une brioche dans les mains, un petit animal le contemplait avec des yeux ronds pleins d’innocence et de fragilité. Ti s’attendrit. Lorsqu’il essaya néanmoins de récupérer une partie de son bien avec douceur, le gnome poilu se mit à hurler, il se changea en démon dentu, griffu, cracheur, et s’enfuit avec son larcin aussi sûrement que le dieu singe dérobant les pommes d’éternité du jardin de l’Ouest. Ti constata une fois de plus la faible différence d’un être adorable à un monstre sans moralité. Une âme vicieuse et égoïste pouvait se cacher sous l’apparence la plus innocente.

Puisque rien n’allait, en ville, Ti partit jeter un œil sur la préparation du tribut. Il constata que son goûteur d’eau s’en acquittait à merveille. Cela fermentait, cela séchait, cela se compressait, tout allait d’autant mieux qu’il n’avait pas à s’en mêler.

Un reflet brillait sur le chemin qui traversait le jardin de thé. Des objets de bois et de fer gisaient ici et là, comme tombés d’un paquetage. Il en ramassa quelques-uns et reconnut parmi eux ces ustensiles légers que sa Troisième utilisait en voyage. Elle en avait offert de semblables aux mendiants du temple abandonné, au lendemain de leur repas commun, ce souvenir impérissable.

— Qu’est-ce qu’il y a, par là ? demanda-t-il en désignant le sentier qui serpentait à flanc de coteau.

On lui répondit que c’était la montagne du Dragon, couronnée par le pic du Lion, un lieu sauvage où nul ne s’aventurait volontiers.

Songeur, Ti rentra au palais avec Lao Cheng.

Ainsi qu’il le craignait, son épouse l’attendait sous les agréables frondaisons des yinxing[8] « abricots d’argent » qui bordaient l’allée centrale. Il lui annonça que ses protégés avaient quitté Xifu, sans doute pour s’enfoncer dans la forêt qui entourait le pic du Lion.

— Où est-ce ? demanda sa Troisième.

Il désigna l’énorme masse rocheuse qui dominait la ville de sa cime enneigée.

— Très bien.

Elle se leva, résolue à aller choisir une tenue idoine dans son coffre à vêtements, afin de fouiller les bois pour le bien de ces gens que la Providence avait placés sous sa garde.

Ti nota que l’autorité et les décisions précipitées étaient des points communs à ses trois épouses. Il se demanda s’il les choisissait ainsi à son insu ou si c’était le caractère de sa Première qui avait cet effet sur le reste du gynécée.

A vrai dire, le séjour de Xifu n’était plus si plaisant depuis qu’ils devaient le partager avec la gent aux pieds préhensibles. Le magistrat entendait d’ici les cris, les exhortations, les cavalcades affligeantes. Il restait plusieurs jours avant la remise du tribut. Autant faire une petite promenade poétique sur ces monts, où le panorama récompenserait amplement les efforts des promeneurs. Ti proposa à sa Troisième de monter une expédition en petit comité.

Émerveillée par sa générosité, dame Tsao joignit les mains et prononça le compliment dicté par son immense gratitude, ce qui équivalait à lui sauter au cou, ainsi que des gens moins bien éduqués l’auraient peut-être fait. Elle lui assura qu’elle aurait plaisir à l’accompagner elle-même dans la première partie de son excursion.

Son mari tomba des nues. A présent qu’il s’apprêtait à gravir la montagne, elle ne voulait plus y aller ?

Dame Tsao expliqua qu’elle préférait rester en ville, pour le cas où les mendiants reviendraient sans prévenir.

Ti fut abasourdi. Les faits étaient limpides. Il s’était fait avoir.

 

Thé vert et arsenic
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